Photo: Jérémie Couston (en photo) et Jean-Baptiste Roch ont rallié les établissements scolaires à la force des mollets, en mars 2023. Crédit : DR

De la Corrèze au Puy-de-Dôme : près de 400 km à vélo au nom de l’EMI

« Notre spécificité, c’est de faire ça à vélo », sourit Jérémie Couston, journaliste à Télérama et bénévole qui allie son engagement en faveur de l’éducation aux médias et son goût pour le sport.

Avec Jean-Baptiste Roch, son collègue du magazine culturel, également passionné de cyclisme et nouveau membre d’Entre les lignes, l’idée a germé de se rendre dans des établissements scolaires par les moyens les plus écologiques possibles. « Il y a un exemple à montrer », estime Jérémie.

Les deux compères roulent déjà ensemble et privilégient le vélo pour se rendre à leurs reportages respectifs.

Un lycée dans l’Aveyron

Leur périple démarre de Paris, en train, jeudi 23 mars. Direction Brive-la-Gaillarde, en Corrèze. À l’arrivée, après une part de pizza vite avalée, les choses sérieuses commencent. « 40 km/h de vent, de face, sous un ciel gris…Au bout d’une heure et demi, on était au bout de notre vie ! », relate Jean-Baptiste.  « Il nous restait 70 km, on était au milieu d’une forêt et là une dame sort d’un bosquet et nous dit ‘vous voulez de l’eau ?’. C’était inattendu ! » Requinqués grâce à cette habitante providentielle, le tandem réussit à boucler sa journée - 120 km, 1.500 m de dénivelé positif - et pose enfin les vélos gravel à l’hôtel, à Cransac (Aveyron).

Le lendemain, l’équipée rallie la ville voisine d’Aubin, et retrouve 22 élèves du lycée des métiers du bois et de l’habitat pour deux ateliers pédagogiques, « Démêler le vrai du faux » puis « Les images et leur détournement ».  « Cela s’est super bien passé, ils participaient, étaient intéressés ; certains n’avaient pas l’air d’avoir l’habitude de prendre la parole et l’ont fait », se félicite Jean-Baptiste. Les élèves sont forcément surpris d’apprendre qu’ils sont venus en vélo et, à la cantine, le sujet anime les discussions entre le duo et des professeurs avertis.

Aller là où l’EMI est moins présente

Mais pas le temps de lambiner : les voilà déjà en selle l’après-midi, cap sur le village d’Entraygues-sur-Truyère (Aveyron), à 47 km… sous une grosse averse. Samedi dès potron-minet, ils enfourchent de nouveau les bécanes pour gagner Saint-Julien-de-Coppel (Puy-de-Dôme) chez Alain Pisieux, rédacteur en chef du magazine 200, incontournable des amateurs de cyclisme sous toutes ses formes. « Une de nos plus grosses journées de vélo de tous les temps ! », commente Jérémie. Jean-Baptiste acquiesce : « 180 km à faire, 2.900 m de dénivelé positif, 12 h de selle : on a souffert. » Malgré leurs courbatures, ils remettent le couvert dimanche et tracent jusqu’à Clermont-Ferrand, 30 km à travers plaine, sous la pluie.

Leurs routes finissent tout de même par se séparer. Jean-Baptiste regagne Paris en train, quant à Jérémie, il prend un bus pour Thiers (Puy-de-Dôme). La journée de lundi est de nouveau consacrée à des interventions dans cette ville, devant des élèves de quatrième du collège Antoine-Audembron. « J’ai essayé de distribuer la parole grâce aux profs qui m’ont aidé. Tout le monde a pu s’exprimer », retrace-t-il. L’heure du retour à Paris, en train, sonne enfin.

Pour ces bénévoles cyclistes, l’expérience à vélo fut d’autant plus enrichissante qu’elle leur a permis de s’imprégner du paysage et de petits détails qui offrent « une conscience du territoire » dans lequel vivent les élèves. Elle traduit aussi une cohérence avec leurs convictions, l’idée de s’éloigner de Paris, de s’aventurer là où l’EMI est moins présente et d’aller à la rencontre des jeunes et des enseignants. « J’avais l’impression d’être ressourcé », confie Jean-Baptiste. « Ça casse la routine et c’est gratifiant. Tu te sens utile. »