SPIP, PJJ, UEAJ… un nouveau public en quête d’EMI
2 février 2023 08:41
En milieu pénitencier ouvert comme fermé, Entre les lignes poursuit son combat pour développer l'esprit critique.
Ils s’appellent Protection judiciaire jeunesse (PJJ), Unité éducative d’activité de jour (UEAJ) ou encore Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP). Leur public: des jeunes et moins jeunes en difficultés qui ont commis des crimes ou des délits en tous genres. En 2022, l’association a réalisé une douzaine d’ateliers dans des structures liées au ministère de la Justice à travers la France. Et la demande ne cesse d’augmenter. Un partenariat est notamment lancé avec la Protection Judiciaire Jeunesse de l’Ain avec 10 interventions prévues sur l’année 2023. Des ateliers à destination de petits groupes âgés de 14 à 18 ans. Un public pas toujours facile à appréhender ni à intéresser.
« Euh Madame, franchement il est sympa votre atelier mais vous savez bien qu’on n’est pas là pour le plaisir. »
Pour certains, avec la majorité qui approche, se profile aussi la possibilité d’un passage par la case « prison ». Ainsi, une partie des ateliers menés par l’association sont considérés comme des mesures de réparations ou se déroulent pendant des « stages citoyenneté » imposés par le juge: une semaine d’interventions sur des thématiques variées (égalité hommes-femmes, respect des lois, fonctionnement démocratique…), qui donne lieu à un rapport individuel. Résultat, les jeunes n’ont pas toujours envie d’être là et le font parfois bien sentir à l'intervenant… C’est le constat qu’a fait Pierre, après deux ateliers sur le détournement des images à l’UEAJ de Dunkerque: « Accueil très timide, intérêt limité, participation inexistante » résume-t-il. Un constat d’échec qui le pousse à apporter sa caméra au second atelier pour mettre plus de « pratique » et espérer conserver l’attention des cinq jeunes qui participent ce jour-là. « À la limite l'enjeu n'est pas de répondre à leurs questions, mais de préparer le terrain pour qu'ils commencent à s'en poser », conclura-t-il en précisant qu’à l’issue de son passage, les jeunes avaient « finalement l’air content ».
Retours positifs
Du côté des contenus, les sujets liés aux réseaux sociaux et aux pratiques sur Internet sont les plus demandés. Et ce même si la plupart des stagiaires ne sont pas suivis pour un délit en lien avec ces thématiques. « Les problématiques des jeunes suivis par le milieu ouvert sont propres à chaque jeune mais l’utilisation d’Internet est un sujet universel », explique Aurélie Soleilhac, éducatrice à la PJJ de l’Ain. Et derrière leur apparente passivité, les ateliers donnent souvent lieu à de beaux débats. Lorsqu’ils sont interrogés pour faire un bilan de leur stage, les jeunes n’hésitent pas à déclarer « avoir acquis de nouvelles connaissances et être dans une démarche plus réflective quant à l’utilisation des réseaux sociaux » et à se dire « plus vigilants quant à la diffusion d’images et de vidéos », résume l’éducatrice aindinoise.
Et en milieu carcéral ? « Pas de portable, pas d’Internet… »
2022 aura également enregistré plusieurs demandes pour introduire l’Éducation aux médias et à l’information auprès des publics adultes placés sous main de justice ou en milieu carcéral. Première impression pour Patrice qui est intervenu au Centre de détention de Val-de-Reuil, près de Rouen (27) : « la lourdeur des procédures pour pénétrer à l’intérieur de la zone de détention. Pas de portable, pas d’internet… Tout cela ne facilite pas forcément les choses pour l’intervenant, tout comme l’impossibilité de savoir qui va venir car l’atelier n’est pas obligatoire ». Dans ces conditions-là, « difficile d’exercer une quelconque contrainte pour que les engagements soient tenus avec des détenus condamnés à des longues peines », résume ce bénévole de longue date d’Entre les lignes. Résultat sur 10 inscrits, seuls 3 présents avec des niveaux « très disparates ». Une expérience qu’il qualifie à la fois de « difficile » et « encourageante » mais qui nécessite « pas mal d’adaptation ». Pas suffisant pour décourager ce bénévole qui se dit prêt à retenter l’expérience si l’occasion se présente !