Photo: Suzy Luce

Entre les lignes en Guadeloupe !

Au rayon des nouveautés de l'année, Entre les lignes a ajouté un nouveau département dans son périmètre d'intervention !

L’association a lancé depuis trois ans un projet d’ateliers dans les écoles primaires avec des élèves de CM1 et CM2. Pour l’année 2022-2023, quelque 70 ateliers sont prévus à travers la France, avec des contenus dédiés et adaptés à ce public grâce aux retours précieux des bénévoles et des enseignants. Au programme: plus d’exercices pratiques et des séances d’une heure au lieu de deux. Les enfants en redemandent. Exemple en Guadeloupe avec ce témoignage de Cécile Rémusat.

« Et vous madame vous avez déjà donné une fausse information ? »

Dès le premier jour dans cette classe de CM2, de l’école Thurenne Thénard de Grand-Bois, au Gosier, le rôle du journaliste et sa déontologie, ont été au cœur des discussions. Les élèves ont fait preuve d’une grande curiosité et d’un intérêt marqué pour les ateliers. Je me demandais si j’allais pouvoir intéresser ces jeunes au pluralisme des médias. Pas facile avec des titres nationaux qui accordent souvent peu de place à l’Outremer. Pas facile alors que la Guadeloupe se situe à des milliers de kilomètres de Paris et vit sur un fuseau horaire différent. Il a donc fallu parler « local », comparer les deux radios d’info et le seul quotidien de l’archipel, évoquer mes années d’expérience sur le terrain, en Martinique puis en Guadeloupe. Les faits divers, très nombreux malheureusement sur le territoire, retiennent le plus souvent l’attention de ces enfants. L’occasion de leur expliquer l’importance de la source, alors que la rumeur peut ici se répandre comme une traînée de poudre. Il y a le bouche à oreille et les réseaux sociaux évidemment. La majorité de ces filles et garçons ont déjà accès à Facebook, Snapchat, Twitter ou Instagram en contournant l’âge minimum légal. Ils s’y référaient (jusque-là) pour y trouver des informations, sans vraiment en connaître les potentielles dérives. Ils m’ont par ailleurs surprise en reconnaissant d’emblée deux jeunes influenceurs sur une vidéo servant de support à un atelier : « Oh Swan et Néo ! », se sont-ils exclamés en cœur. Ces deux jeunes YouTubeurs « métros » (NDLR : métropolitains), évoluant dans des décors bien différents des nôtres, font pourtant partie du quotidien de ces petits Guadeloupéens. Enfin, quand il a fallu jouer aux apprentis journalistes lors d’une petite conférence de presse fictive, j’ai pu m’apercevoir que les messages des premières séances avaient fait mouche : le doute s’est invité dans l’esprit des élèves et ils ont tout de suite cherché à vérifier les informations par eux-mêmes ! Ce fut un réel plaisir de partager ces moments avec cette classe, leur professeure et leur ATSEM.